Marre des anarchistes !

Quand on discute avec un anarchiste, un communiste ou un libertaire quelconque, il faut s’attendre à ce qu’un point Godwin soit très vite attribué. A la moindre nuance d’un propos qu’il avance, notre homme vous regarde avec les sourcil froncés, outré que l’on ose contredire une idée humanitaire qui est le terreau même des libertaires, sa lèvre inférieure se met à trembler, son débit vocal s’accélère, son volume sonore s’élève et il ne tarde pas à vous traiter de facho. Il faut admettre que, sans doute par respect, il ne vous dira jamais que vous êtes con, non, sans doute aussi parce qu’un con, on peut lui pardonner, tandis qu’une facho, on sait directement à qui on à affaire, on sait comment le contrer, et on peut même se permettre de lui tourner le dos car il est bien connu qu’il ne sert à rien de discuter avec un facho, ce con.

Depuis quarante ans, j’adhère aux idées libertaires sans me soucier d’où elles viennent. Elles viennent autant de Proudhon que de Jaurès, de Bakounine que de Voltaire, de Baboeuf, La Boétie, Ferrer, Malatesta, Rousseau et une multitude d’autres car j’ai eu la chance, très jeune, d’être baigné dans les livres. J’en ai construit ma propre philosophie et j’ai tenté de mettre mes actes en accord avec mes idées. Dire que j’y suis parvenu serait mentir car, n’ayant pas vocation de martyr, je ne me suis jamais placé hors d’une société que j’ai pourtant toujours haïe. Dire que ces idées n’ont pas changés au fil du temps, serait un autre mensonge. Elles se sont affinées, elles se sont polies, et tout en restant à gauche, en acceptent d’autres et, à défaut d’y adhérer, je peux les comprendre et en débattre.

Il est évidemment des extrémistes de droite avec qui rien ne sert de discuter et je ne perds guère mon temps avec ceux-là. Je me contente de les écouter sans répondre. Nous ne sommes pas de la même école et ne le serons jamais. Je suis bien plus déçu par les gauchistes qui prônant la liberté d’être et de s’exprimer, ne parviennent que rarement à mettre en applications ces beaux principes. Le lobby, car c’en devient un, de l’humanitaire récupéré par les gauchistes, les poussent à un discours politiquement correct de leur point de vue. Tellement politiquement correct qu’il en devient débile à force de nier des évidences, à force de toujours se croire supérieur parce que gauchiste, à force de n’attaquer que les mêmes personnes en leur déniant le droit d’avoir aussi des idées similaires aux leurs, à force de défendre sans la moindre analyse toute autre personne qui permet d’ajouter un étage à leur foi libertaire.

La manipulation de gauche est aussi malsaine et abrutissante que la manipulation de droite. Et sa lâcheté est encore pire parce qu’elle brandit un drapeau humanitaire avec lequel elle se torche. Pourtant, ils s’en donnent à cœur joie avec leur « Ni dieu, ni maître ». La religion, ils la compissent abondamment. Enfin, la religion catholique tout d’abord et ils y vont avec de grandes tirades haineuses contre les curés pédophiles, contre la liturgie, contre ce dieu qui est au mieux, inexistant et n’est qu’un moyen d’asservissement des masses ; au pire, le responsable de tous nos maux, parce que l’homme, lui, n’y est pour rien. Contre les juifs aussi, haine qui est l’héritage de Proudhon, ces sales tueurs d’enfants palestiniens. C’est vrai que ce n’est pas très joli de tuer des mômes qui jettent des pierres mais que faut-il penser du père qui envoie son gamin le faire ? Justement, parlons-en de l’Islam parce que ça, les gauchos n’en parlent pas – ou alors, du bout des lèvres pour en dire qu’ils sont contre toutes les religions – mais jamais ils ne dénoncent les pratiques islamiques qui n’ont pourtant rien à envier aux pratiques catholiques parce que ce serait une manière d’attaquer les Arabes (car l’amalgame arabe-Islam est fait depuis longtemps) et donc, ce serait raciste et, bien sûr, pas politiquement correct.

Au nom de leur prétendue liberté, ils défendent toutes les minorités qui croient avoir quelque chose à dire sans voir que ces minorités – ou tout au moins certains de ses membres – sont d’une intolérance qui ne concorde que très peu avec le libertarisme si fièrement revendiqué.

Ils s’inscrivent dans tellement de combats qu’ils finissent par s’y perdre et par tout mélanger.

Ils vont jusqu’à réfréner leur propres avis, toujours par cette crainte du politiquement correct. Ils mentent et ils se mentent. Ils trichent avec eux-mêmes mais, comme ils n’ont pas d’âmes, ils ne la perdront pas. Ils mènent des combats mais ne combattent pas car l’anarchie, ou appelez ça comme vous le voulez, n’est plus que de la dialectique, de la poudre aux yeux, de la bonne conscience aussi lamentable que celle du catho qui va se confesser régulièrement et ainsi repart à zéro dans l’échelle de ses ignominies.

Au nom de leur prétendue liberté, ils se sont enfermés eux-mêmes dans des prisons idéologiques d’où ils ne peuvent plus sortir sous peine de s’auto-exclure. Ils sont tellement de gauche qu’ils finissent par virer à droite parce que la ligne qui relie ces deux extrémités n’est pas une ligne droite mais une courbe où elles finissent par se rejoindre.

Je ne sais pas si je suis anarchiste ou libertaire ou quoi que ce soit. Je ne me colle aucune étiquette. Je sais seulement que je me positionne plus à gauche qu’à droite et je n’oblige personne à penser comme moi. Celui qui ne pense pas comme moi n’est pas un con puisque celui qui pense comme moi en est un aussi…

Vive l’anarchie ! Mort aux cons !