Le dernier bateau

Je crois qu’il y a trop d’connards,

Trop d’policiers, trop d’politiques,

Pas assez d’gonzesses dans les bars.

Je sais, c’est pas beau la critique,

Mais on est gâtés, faut bien l’dire,

Par les médias dont on se doute,

Si le pire est encore à v’nir,

Qu’ils monteront dans le train en route.

Dans les journaux, y’a trop d’princesses,

Trop d’bijoux autour de leur cou,

Y’a qu’du pognon ou de la fesse.

C’est moi qui dois plus être dans l’coup

Mais à m’extasier, j’arrive pas,

En r’gardant un mariage princier

Ou les nichons de Nabila.

Je crois qu’ça m’f’rait plutôt chier.

Pendant ce temps-là, les fachos,

Sortent de leurs trous, leurs chiottes.

Ils nous rejouent leur numéro.

J’entends déjà les bruits de bottes ;

Pas d’vaccin pour la peste noire.

Ca me fait mal à l’Italie.

Garibaldi, viens un peu voir

Ce qu’ils ont fait de ta patrie.

A l’abri, dans les ministères,

Les élus se ferment les yeux.

C’est sûr, faut fermer les frontières

Et si ça vient d’eux c’est tant mieux.

On verra pour les conséquences,

On y réfléchira demain.

Tant de conneries, c’est d’l’indécence.

Les morts du passé, c’est en vain…

Pour patienter, dans des prisons,

On fourre des gens avec leurs mômes.

Ca crée d’l’emploi pour les matons.

On n’est pas loin du « home, sweet home ».

Z’ont pas b’soin d’être là, après tout,

Qu’ils restent à crever sur leur terre,

Pourtant, y’a cent ans, c’était nous

Qui nous barrions en Angleterre.

On recrute dans la police

Y’a trop d’anarchistes, trop d’gauchos.

Les citoyens sont des complices,

Des caméras dans leurs autos,

Des appels à la délation

Et des milices dans les villes

Mais faut bien aider la nation,

Puis on aime ça être servile.

Demain, encore, au fond de l’eau,

Se terminera le voyage

De quelques hommes sur un bateau.

On tournera vite la page.

On allumera la téloche,

C’est tellement plus important

De s’mettre le coeur au fond d'la poche,

De boire sa bière dans son divan…