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Politique Quantique & Poésie Intemporelle.over-blog.com

poésie, politique, porcherie, pommade, polémique

Le lumpenprolétariat

Ce qui est frappant dans la classe du lumpenprolétariat est sa propension facilement vérifiable au cours des innombrables révoltes populaires à se placer, tout au moins pour la majorité de ses membres, du côté du pouvoir en place. On peut aisément comprendre cette démarche dans le chef des voleurs, proxénètes, dealers, escrocs et parasites (au sens scientifique du terme) de la société puisque, comme tout parasite, ils vivent de cette société et sa destruction les détruirait aussi. Une société libertaire ne serait pas un terrain propice à ce genre de personnes qui a besoin d’un monde structuré pour pouvoir s’en servir à leurs propres fins tout en n’y adhérant pas. Il est donc normal que cette catégorie du lumpenprolétariat se positionne ouvertement en faveur des structures mises en place.

 

La compréhension de cette attitude est plus délicate en ce qui concerne les mendiants, les sans-abri, les chômeurs, les travailleurs pauvres et toutes ces personnes n’entrant dans aucune case et qui constituent cette sous-classe que Marx voulait éduquer. En effet, ces gens, n’ayant rien ou que très peu à perdre, ne pourraient en général que voir leur sort amélioré par le biais d’une révolution prolétarienne. Leur participation à un mouvement de révolte, non seulement semblerait logique, mais pourrait même ne pas se limiter qu’à une simple présence d’acquiescement. Des leaders, des porte-voix pourraient se lever de cette masse et être les éléments déclencheurs de troubles. Au lieu de cela, jamais aucun traîne-misère ne s’est érigé et n’a pris la tête du moindre mouvement insurrectionnel. On peut s’en étonner.

 

Pire encore, au lieu de se cantonner dans une stricte indifférence, ce lumpenprolétariat que je qualifierait de lumpenprolétariat forcé par opposition à la catégorie du lumpenprolétariat choisi par les voleurs et autres, qui se trouve être un terreau dans lequel les révolutionnaires espèrent trouver de l’aide, cède aux appels de l’aristocratie financière ou de la bourgeoisie industrielle et se range clairement dans les rangs de ces derniers, allant même jusqu’à parfois se regrouper en milices organisées destinées à lutter contre la révolution en cours, le tout financé et orchestré bien évidemment par les institutions en place.

 

On peut sans doute imaginer que la paupérisation de cette frange de la population est due à un manque d’éducation ou de culture et est donc facilement malléable, ce qui est sans doute vrai dans certains cas, mais de là à imaginer que toute cette catégorie soit stupide est un pas qu’il est difficile de franchir. Les raisons sont donc à chercher ailleurs. Une option qui se présente serait que le lumpenprolétariat s’imagine que, dans un contexte insurrectionnel, il pourrait tirer son épingle du jeu et en acquérir des avantages en soutenant un pouvoir déjà en place et qui, après l’échec de la révolte, lui serait reconnaissant au point de l’élever socialement. Il semble peu probable qu’une telle naïveté puisse animer une classe sociale où la méfiance est la base même de la survie au quotidien.

 

L’autre explication possible est que, par une sorte de glissement de responsabilités, le lumpenprolétariat haïsse plus encore les prolétaires que les patrons ou dirigeants, estimant que ces derniers sont moins responsables de leur déchéance que les prolétaires qui, somme toute, occupent une place qui pourrait leur revenir alors que les places occupées au sommet de la pyramide leurs sont de toutes manières inaccessibles. A l’instar des féministes d’aujourd’hui – et de bien d’autres, les féministes n’ayant pas le monopole de la bêtise – ces lumpenprolétariens se trompent de combat.

 

C’est là que l’on peut rejoindre Marx et effectivement se dire que le lumpenprolétariat doit être éduqué et que tout doit être mis en œuvre pour qu’une véritable conscience politique, au sens platonicien, se fasse jour dans cette catégorie qui représente une véritable force et pourrait être un réel contre-pouvoir bien plus efficace que les différents mouvements libertaires existant à l’heure actuelle. Cette éducation doit avant tout passer par le respect car, si la sous-classe dont nous parlons, éprouve du mépris pour la classe prolétarienne, celle-ci le lui rend bien, au point d’en arriver aussi, en période de non-trouble, à se tromper de combat et à voir dans les SDF et autres défavorisés que des facteurs de désordre mettant en péril leur sécurité, oubliant – par facilité intellectuelle ou par lâcheté – que le véritable ennemi n’est finalement que celui qui l’oppresse et que l’on trouve dans les banques et les gouvernements.

 

Le lumpenprolétariat représente actuellement environ 5 % de la population et le chiffre est sous-évalué. C’est une force qui, correctement traitée, avec des espérances raisonnables, pourrait être une arme formidable entre les mains des révolutionnaires du monde prolétarien. La négliger est une erreur tant tactique que stratégique et ceux qui dirigent l’ont depuis longtemps compris puisqu’ils parviennent à les embrigader lorsque le besoin s’en fait sentir.

 

Acquérir la liberté est une chose qui se prépare. On ne se lève pas un beau matin en se disant qu’aujourd’hui on va changer le monde. On coordonne, on cherche à créer des intérêts communs, on crée des alliances même temporaires, on dégage ensemble, avec tous les parias de la société, un plan d’action et ensuite, quand tout cela est posé, on peut sortir les drapeaux noirs et les fusils. Mais il ne faudrait plus trop tarder.

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