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Politique Quantique & Poésie Intemporelle.over-blog.com

poésie, politique, porcherie, pommade, polémique

La rentrée gréviste

Avec l’arrivée du mois de septembre qui sonne la fin des congés scolaires, les grèves et manifestations diverses vont recommencer. Normal, il n’y a aucune raison que les grévistes ne profitent pas aussi de leurs congés de juillettistes ou d’aoûtiens en se bronzant le cul sur la plage plutôt que de défiler dans les rues en scandant : « Macron, Pauv’ con, le peupl’ te pèt’ra l’fion » ( à adapter selon les pays concernés et les personnes visées, je peux fournir sur demande moyennant une juste rétribution).

 

Quels que soient les motifs déclarés de ces grèves – les pensions, le chômage, la loi ceci, le décret cela – elles n’auront, in fine, qu’un seul objectif pour la majorité des pingouins… participants pardon, qui défileront en beuglant que c’est la lutte finale et que gnagnignagna, vous connaissez la suite. Cet objectif est l’augmentation, ou dans l’état actuel des choses, l’arrêt de la diminution du pouvoir d’achat. Fi des SDF, des migrants et de toute cette clique qui, avouons-le, emmerde tout le monde. Le seul objectif de l’ouvrier ou du petit employé est son propre bonheur présent et futur.

 

Ce bonheur passe bien évidemment par l’argent même si la casquette du militant se colore de rouge et qu’international sera le genre humain. Le travailleur lambda qui va déambuler sur les grands boulevards avec sa petite pancarte, son petit drapeau, son petit cerveau s’en tape que des clodos crèvent la dalle ou que des paumés déjà pas foutus de trouver du taf chez eux et qui viennent sans vergogne essayer d’en trouver chez nous – merde, chez nous, quoi ! – alors qu’il n’y en a déjà pas pour tout le monde, crève dans la mer qui sépare les gens biens (mettez-m’en douze caisses) de la canaille.

 

Le travailleur veut seulement remplir son caddy de bonnes choses transgéniques qu’il achètera sans les hard discounts, il veut pouvoir payer sans sourciller l’abonnement de l’iPhone de son gamin, offrir une pose ongulaire à sa moitié et – putain ! On ne vit qu’une fois – partir en vacances pour faire de jolies photos qu’il pourra montrer à ces potes, de préférence moins bien lotis car c’est encore meilleur quand on fait envie.

 

Et s’il arrive à notre travailleur de manifester contre la diminution des pensions, ce n’est pas qu’il s’inquiète de la pension de son vieux papa – il faudrait peut-être d’ailleurs qu’il se décide à crever celui-là, histoire de palper l’héritage – mais parce qu’il espère arriver lui-même à être un jour pensionné. Si la mort est la finalité de toute vie, la pension semble en être devenu l’objectif suprême. Dans le même ordre d’idées, lorsqu’il prend la défense de la jeunesse sans avenir, ce n’est pas à cette jeunesse qu’il pense, c’est au travail qu’il faut lui donner afin qu’elle puisse contribuer à payer la pension de notre bonhomme dont le père n’est toujours pas mort. Merci de vous en inquiéter. Le leitmotiv de toutes ces manifs n’est que l’argent. Certains ont encore la décence ou l’hypocrisie de le dissimuler derrières des arguments humanitaires mais ça sonne de plus en plus faux.

 

Le travailleur n’est pas gauchiste et quand il l’est ce n’est que pour l’outil que le gauchisme lui procure. Le travailleur, fut-il perdu au milieu d’une foule de dix mille de ses semblables, est seul et n’est pas là en train d’user ses semelles pour son prochain. Non, il est là pour lui en premier. En second aussi. Le travailleur est bien plus bourgeois que n’importe quel nanti parce qu’il n’aspire qu’à prendre la place de ce dernier ou qu’on lui en taille une à la même hauteur sociale.

 

N’étant donc pas gauchiste, il semblerait logique de qualifier ce travailleur de l’étiquette droite. C’est un pas délicat que je n’hésite pas à franchir. Le travailleur est de droite, toujours, même quand il vote à gauche (d’ailleurs, dans la quiète intimité de l’isoloir, il fait ce qu’il veut, quitte à dire le contraire). Il est de droite parce que ses aspirations sont les mêmes que celles de tout homme : argent, bien-être, argent, téloche de trois mètres sur deux, argent, bagnole, argent, une petite pipe de temps à autre, et aussi, argent. Naïvement, il espère s’extirper de sa condition et devenir enfin un parvenu. Sitôt ce stade atteint, il s’empressera de vomir sur ses ex-congénères qui menaceront alors son bonheur durement acquis. Il est de droite parce qu’il ne peut s’empêcher d’admirer et d’envier ceux qui l’oppressent, de même qu’il ne peut s’empêcher de mépriser et d’oppresser si l’occasion se présente ceux qui font partie du lumpenprolétariat.

 

Les dirigeants ont bien compris comment fonctionnait la classe ouvrière et agit de manière à laisser l’espoir à chacun mais de façon individuelle. Le mode de fonctionnement du monde du travail permet à chacun de croire qu’il va pouvoir élever sa condition à force de travail, de soumission et de compromis. Et, de temps à autre, cela fonctionne ce qui entretient l’espoir de ceux pour qui ça n’a pas (encore) fonctionné.

 

Rien ne changera dans le paysage social parce que le travailleur n’a rien pigé et, quand il a pigé, il préfère faire semblant de ne pas comprendre. En participant à des manifestations, il a le sentiment, au moins durant quelques heures de promiscuité solidaire, de tenir son destin entre ses mains. Je suppose que devant l’inutilité de son action, il doit quand même se sentir un rien minable quand il rentre chez lui. Mais je n’en suis pas sûr.

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